Réflexion coranique n° 514 Āyat 89 : 27 à 30 – L’Âme Satisfaite

Bismillah.

 « Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée ; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis ».

La satisfaction ou la sérénité est le but de tout être humain, qu’il ait des croyances ou non. Alors que la plupart des gens sont satisfaits ou deviennent sereins lorsqu’ils reçoivent des bienfaits matériels dans ce monde, le croyant, lui, est en quête constante d’un autre type de sérénité.


Dans sa recherche d’élévation spirituelle, le croyant connaît et comprend l’importance de l’âme. Le Saint Coran décrit différents types d’âmes, comme celle qui est incitatrice au mal, à moins qu’Allah ne lui fasse miséricorde (Coran 12:53), ou l’âme qui ne cesse de se blâmer (Coran 75:2). L’âme la plus louable est de loin, celle mentionnée dans ces versets, et la satisfaction et la sérénité évoquées ici sont celles de la foi, comme Allah le dit : N’est-ce point par l’évocation d’Allah que se tranquillisent les cœurs ?  (Coran 13:28).


Certaines caractéristiques de l’âme sereine sont évoquées dans les versets suivants, afin de montrer le rang élevé qu’Allah lui accordera. Dans cette réflexion, nous examinons ces caractéristiques et leur signification :

  1. « Retourne vers ton Seigneur » signifie, selon certains commentateurs, retourner à Sa vertu et Sa miséricorde. Toutefois, il serait plus juste de dire qu’il s’agit du retour vers Lui-même, c’est-à-dire être placé en Sa proximité, un retour spirituel et non corporel ou spatial. On pourrait alors se demander : cette invitation à retourner auprès du Seigneur a-t-elle lieu une fois qu’on est dans l’Au-delà ou cela se produit-il au moment où l’âme quitte le corps ? Le contexte des versets fait bien sûr référence à l’Au-delà, mais le sens du verset en lui-même, est large et général.
  2. Le terme radiyah, c’est-à-dire « satisfaite », est utilisé parce que l’âme verra que toutes les promesses de récompenses divines sont parfaitement vraies, et qu’en plus, ces récompenses sont si grandioses qu’elles dépassent son imagination. L’âme recevra la Miséricorde et la Grâce d’Allah, au point qu’elle sera profondément réjouie. Encore une fois, l’usage du mot dans ce verset désigne l’Au-delà, comme tous les autres usages dans le Coran (Coran 68:21, 88:9, 101:7) qui vont dans le même sens. En effet, ce privilège immense est réservé uniquement à la vie future, car aussi heureuse, avantageuse, sûre et agréable que puisse être la vie ici-bas, elle n’est jamais totalement exempte de désagréments. Seule la vie de l’Au-delà est parfaitement favorable, heureuse et plaisante, avec une sécurité, une sérénité et une abondance totales.
  3. Le terme mardiyyah, c’est-à-dire « agréée », est utilisé pour indiquer que ‘ses actions’ ont été acceptées avec satisfaction par Allah. Comme mentionné dans une précédente réflexion coranique (n°507), il s’agit d’une relation mutuelle de satisfaction entre Allah et Son serviteur où Allah est satisfait du serviteur, et le serviteur est également satisfait d’Allah.

C’est cette âme que chaque croyant cherche à atteindre. L’Imam al-Sādiq ‘alayhis-salām raconte qu’un de ses compagnons lui demanda si un croyant pouvait être mécontent lorsque son âme est prise. Il (a) répondit : ‘Par Allah, non ! Lorsque l’ange de la mort vient prendre son âme, le croyant manifeste de l’inquiétude. Et l’ange lui dit : Ô celui qui aime Allah ! Ne sois pas contrarié ! Par Celui qui a désigné Muhammad sallallāhu ‘alayhi wa-ālihi wasallam comme Prophète, je suis plus compatissant envers toi qu’un père bienveillant. Regarde attentivement ! Il regarde attentivement et voit le Prophète Muhammad, l’Amir al-Mu’minīn Ali, Fāṭimah, Ḥassan, Ḥoussayn et les autres Imams parmi leurs descendants (a). L’ange lui dit de regarder et de voir qu’ils sont tous ses amis. Il ouvre les yeux et les observe. Un appel venant d’Allah Tout-Puissant se fait alors entendre : Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée ; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis. À ce moment-là, rien ne lui semble meilleur et plus appréciable que de voir son âme se détacher de son corps au plus vite et de rejoindre son Seigneur. (Bihār al-Anwār, 24:94)

C’est là une forme de sérénité et de satisfaction que toute âme croyante doit chercher à atteindre. En cette saison spirituelle menant au mois sacré de Ramadan, chaque croyant doit s’efforcer de rendre son âme digne de cette sérénité. L’incarnation parfaite de l’âme ayant atteint ce niveau de certitude et de satisfaction est celle de l’Imam Ḥoussayn ibn ‘Alī ‘alayhis-salām (Tafsīr al-Qummī 2:422).

Alors que nous nous apprêtons à célébrer la naissance de l’Imam al-Ḥussayn (a) et des autres héros de Karbalā dans les jours à venir, réfléchissons à leur noble sacrifice, qui témoigne de l’apogée de leur spiritualité ainsi que de l’âme sereine dans toute sa splendeur.

Références : ‘Allāmah Muhammad Bāqir Majlisī, Bihār al-Anwār; Ali ibn Ibrahim Qummī, Tafsīr al-Qummī.