Bismillah.
فَأَمَّا الَّذِينَ فِي قُلُوبِهِمْ زَيْغٌ فَيَتَّبِعُونَ مَا تَشَابَهَ مِنْهُ ابْتِغَاءَ الْفِتْنَةِ وَابْتِغَاءَ تَأْوِيلِهِ ۗ وَمَا يَعْلَمُ تَأْوِيلَهُ إِلَّا اللَّهُ ۗ وَالرَّاسِخُونَ فِي الْعِلْمِ يَقُولُونَ آمَنَّا بِهِ كُلٌّ مِّنْ عِندِ رَبِّنَا ۗ وَمَا يَذَّكَّرُ إِلَّا أُولُو الْأَلْبَابِ
Les gens, donc, qui ont au cœur une inclination vers l’égarement, mettent l’accent sur les versets à équivoque cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n’en connaît l’interprétation, à part Allah. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science disent: « Nous y croyons: tout est de la part de notre Seigneur ! » Mais, seuls les doués d’intelligence s’en rappellent.
(Soūrat Āl ‘Imrān, No. 3, Āyat 7)
Dans l’une des réflexions précédentes (n°497), le début de ce verset béni de la Soūrate Āl ‘Imrān a été commenté. Le verset divise d’abord tous les versets du Noble Coran en deux groupes : ceux qui sont définis (muhkam) et ceux qui sont indéfinis (mutashābih). Les versets définis sont ceux dont le sens est clair, tandis que les versets indéfinis sont ceux qui sont ambigus et peuvent être interprétés de différentes manières. La suite du verset, citée ci-dessus, constitue l’objet de cette réfléxion. Dans cette partie du verset, Allah ‘azza wajall mentionne un groupe dont le cœur est en déviance (zaygh). Ces individus déviants ont laissé de côté les versets définitifs et cherchent à dévier les autres en imposant une interprétation incorrecte des versets ambigus du Coran. Le groupe déviant est mis en parallèle dans le verset avec un autre groupe qui est mentionné comme étant « fermement ancré dans le savoir ».
Un exemple remarquable de versets indéfinis du Coran qui ont été utilisés à mauvais escient par des individus au cours de l’histoire est celui des versets utilisés par des gouvernements oppressifs pour mettre fin à tout activisme politique parmi les musulmans. Des versets tels que le verset 59 de la Soūrate Nisā :
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا أَطِيعُوا اللَّهَ وَأَطِيعُوا الرَّسُولَ وَأُولِي الْأَمْرِ مِنكُمْ
Ô les croyants ! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement. (Q 4 :59)
Cela a été interprété comme se référant à n’importe quel dirigeant politique, indépendamment de son degré d’injustice et de la manière dont il a consolidé le pouvoir pour lui-même. Parce qu’il s’agissait d’un dirigeant musulman, tous les musulmans étaient apparemment obligés de lui obéir ! Par exemple, Muhammad al-Ālūsī dans son Tafsīr al-Ma’ānī sous ce même verset présente cette interprétation ridicule. Une telle vision pacifiste va à l’encontre de l’éthique de l’Islam, comme le montrent clairement d’autres versets et la vie des Ahl al-Bayt (que la paix soit sur eux). Par exemple, en s’adressant à l’armée de Hurr, l’Imam al-Husayn ‘alayhis-salām a cité le Prophète (s) comme ayant dit : Quiconque voit un dirigeant oppressif qui légitime ce qui a été interdit par Allah, rompt le pacte, s’oppose à la sunna du Prophète et se comporte de manière injuste et oppressive avec les serviteurs d’Allah, alors si une personne ne s’oppose pas à lui par sa parole ou son action, il incombe à Allah de placer cette personne à la même place que cet oppresseur.
Pour en revenir au verset 7 de la Soūrate Āli ‘Imrān, les individus qui interprètent mal les versets indéfinis du Coran sont alors confrontés à ceux qui sont fermement ancrés dans la connaissance (rāsikhūn). Il existe une discussion technique et syntaxique entre les mufassirūn (exégètes) du Coran sur la question de savoir si le mot rāsikhūn est joint à Allah ou s’il s’agit du début d’une phrase distincte. En d’autres termes, le verset dit-il qu’Allah et les rāsikhūn connaissent l’interprétation des versets indéfinis, ou qu’Allah seul connaît cette interprétation ? Quelle que soit la réponse donnée, il ne fait aucun doute que les Ahlul Bayt (que la paix soit sur eux) sont l’incarnation du rāsikhūn et qu’ils ont reçu d’Allah la connaissance de l’interprétation du Coran.
Deux derniers points concernant ceux qui sont fermement ancrés dans la connaissance peuvent être extraits de ce verset :
– La déviance est un état du cœur et est juxtaposée au trait intellectuel de la connaissance. C’est en soi une leçon sur la relation entre l’utilisation correcte de l’intellect et les attachements du cœur. Il est clair que ceux qui sont déviés ne cherchent pas à comprendre la vérité et n’utilisent pas leur intellect correctement.
– Remarquez l’humilité et la foi dont font preuve ceux qui sont fermement ancrés dans le savoir. Leur connaissance approfondie les a amenés à réaliser les limites de leur savoir, et bien qu’ils ne comprennent pas toutes les réalités élevées mentionnées dans le Coran, ils proclament tout de même : « Nous y croyons ; tout cela vient de notre Seigneur ».
Nous prions Allah de faire de nous des personnes qui croient au Coran et se soumettent humblement à lui. Alors que nous sommes témoins de l’oppression brutale qui sévit dans le monde aujourd’hui, nous prions Allah subhānahu wata’ālā, au nom du Coran et du Noble Messager (s), d’envoyer l’aide divine et de hâter l’arrivée de notre Imam (a).
Ressources: Āyatullāh Muhammad Taqī Misbāh Yazdī, Qur’an Shenāsī (Cognition of Qur’an).