Réflexion coranique n° 486. Āyat 2 :246 – Le Manque d’engagement

Bismillah.

 Ils dirent : « Et qu’aurions-nous à ne pas combattre dans le sentier d’Allah, alors qu’on nous a expulsés de nos maisons et qu’on a capturé nos enfants ? » Et quand le combat leur fut prescrit, ils tournèrent le dos, sauf un petit nombre d’entre eux.

L’engagement envers une intention est plus important que l’intention elle-même. Il est facile de formuler de bonnes intentions lorsqu’on se sent inspiré ou ému par une émotion. Il peut s’agir d’une émotion positive ou négative. L’une ou l’autre peut provoquer un trouble intérieur d’où naît le désir d’agir pour changer les choses. Cependant, lorsque l’occasion d’agir se présente, de nombreuses personnes hésitent. L’intention initialement forte faiblit face au danger potentiel. L’engagement à agir selon l’intention n’est pas fort.

Dans le verset ci-dessus, nous voyons que lorsque les Banū Israël, à l’époque du Prophète Ushmu’īl (Samuel) ‘alayhis-salām, furent interrogés par leur Prophète s’ils seraient prêts à se battre sous le règne d’un roi qu’il leur désignerait, ils répondirent par l’affirmative. Ils affirmèrent leur volonté de se battre pour leurs droits. Leur indépendance, leur dignité et leurs moyens de subsistance leur avaient été enlevés. Ils souffraient et étaient déterminés à se battre pour retrouver leur dignité. Selon le hadith, leur Prophète ne croyait pas qu’ils se battraient. Il leur dit : « Vous n’avez aucun sens de la loyauté envers la cause de Dieu ni le désir de vous battre dans Sa voie ». Ils lui assurèrent : « Si Dieu prescrit de combattre pour nous, nous obéirons à notre Seigneur et combattrons nos ennemis ». (Majlisī, Bihār al-Anwār 13 :450 – cité dans Les émissaires de Dieu).

Les gens n’aimaient généralement pas la guerre. Mais comme leurs terres leur avaient été confisquées et qu’ils avaient été contraints de quitter leurs maisons et leurs familles, ils se sentaient prêts à combattre les ennemis. La colère et la frustration qu’ils ressentaient déclenchèrent en eux le désir d’agir. Cependant, cela ne fut pas suivi d’un engagement à agir. Lorsque le Prophète nomma Tālūt comme étant leur roi, son ordre de mener le peuple contre les Palestiniens (connus à l’époque sous le nom de Philistins) fut désobéi par la plupart d’entre eux. Très peu de gens étaient suffisamment engagés pour obéir au roi. Selon le Tafsir-e Namūneh, le nombre de personnes restées fidèles à Tālūt était de 313, soit le même nombre que les musulmans à Badr. C’est également le nombre de personnes qui répondront en premier à l’appel de l’imam Muhammad Al-Mahdi ‘ajjalallâhu farajah, lorsqu’il réapparaîtra.

Il est facile de se déclarer prêt à l’action, mais être suffisamment déterminé pour la mettre en œuvre et supporter les difficultés qui peuvent l’accompagner est beaucoup plus difficile. Beaucoup de gens abandonnent en cours de route. Il s’agit d’un test qui permet de distinguer les forts des faibles, ceux qui pensent ce qu’ils disent de ceux qui parlent simplement sous le coup de l’émotion.

L’histoire de l’Islam contient de nombreux exemples de personnes qui ont déclaré leurs bonnes intentions mais qui ont failli à leur engagement. À l’époque du Prophète sallallāhu ‘alayhi wa-ālihi wasallam, les gens n’ont pas pu l’accompagner dans certaines batailles en raison du manque d’engagement. La peur de la chaleur et de la perte de biens et de vies les a fait vaciller. Le Coran parle d’eux :  Et un groupe d’entre eux demanda la permission au Prophète, en disant : Nos demeures sont sans protection , alors qu’elles n’étaient pas exposées. Ils n’avaient d’autre intention que de fuir (Coran 33 :12). Ils revinrent sur leurs intentions antérieures. Et ils avaient déjà promis à Allah de ne pas tourner le dos et de ne pas fuir (Coran 33 :14).

Dans la bataille de Karbala, nous voyons que les habitants de Koufa étaient profondément mécontents de la direction des Banu Umayyad. Ils ont déclaré leur intention de soutenir l’Imam al-Houssayn ‘alayhis-salām par leurs paroles, verbales et écrites. Mais quand est venu le moment de passer à l’action, nous avons constaté leur manque total d’engagement. La possibilité de la mort et des difficultés les a fait revenir sur leurs paroles. Leur manque d’engagement est une leçon pour tous ceux qui ont de bonnes intentions. C’est l’action qui suit qui montre la force de caractère, pas l’intention initiale.

Sources: Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh ; ‘Allāmah S M H Tabātabā’ī, al-Mīzān, v. 4 in English;  alketab.org; Sh. Rizwan Arastu, God’s Emissaries -Adam to Jesus.