Réflexion coranique n° 482. Āyat 70 :1-2 : Le châtiment immédiat

Bismillah.

Un demandeur a réclamé un châtiment inéluctable, pour les mécréants, que nul ne pourrait repousser.

Le Coran, dans sa majeure partie, rappelle la miséricorde infinie d’Allah, subhānahu wata‘ālā. Celle-ci est évoquée 113 fois en préambule des sourates et deux fois dans Sūrat al-Naml. En effet, la raison d’être même du Messager d’Allah est non seulement d’incarner une miséricorde universelle pour toute la création (Q 21 :107), mais son existence bénie est si puissante, qu’Allah a mis fin à la pratique des châtiments collectifs grâce à elle (Q 8 :33).

Cependant, il existe des situations où certains osent défier directement l’autorité d’Allah, ‘azza wajall, en particulier lorsqu’il s’agit de Ses élus. Dans le Coran, à deux reprises, Allah – alors qu’Il est défié ouvertement – affirme Son autorité et répond de manière décisive. Certains exégètes suggèrent que ces deux épisodes (Q 8 :32 et les versets mentionnés ici) ont été révélés l’un après l’autre à propos de la même personne : Nadr ibn Hārith. Celui-ci, d’un ton moqueur, s’adressa au Prophète sallal-lāhu ‘alayhi wa-ālihi wasallam dans la le Masjid al-Harām et déclara : « Ô Dieu ! Si Muhammad [s] dit la vérité et que ce qu’il déclare vient de Toi, frappe-nous d’une pierre céleste ou inflige-nous un châtiment douloureux. » (Rūh al-maʿānī, 15 :63). Son vœu fut exaucé, une pierre tomba du ciel et le tua ; ce verset fut alors révélé. (Tafsīr Ibn Kathīr 8 :235 ; Tafsīr Qurtubī 19 :278).

Cependant, le tafsīr et l’explication les plus reconnues de ces versets indiquent qu’ils ont été révélés après l’annonce de la wilāyah de l’Imam Ali ibn Abi Talib, alayhis-salām, lors du jour de Ghadīr. ‘Allāmah Amīnī, dans son œuvre monumentale Al-Ghadīr (1 :239), a recensé 30 références provenant des commentateurs sunnites concernant cet événement :

Le jour de Ghadīr Khumm, le prophète Muhammad (s) convoqua les gens et déclara : Ali est le mawlā de celui dont je suis le mawlā. La nouvelle se répandit rapidement dans toutes les zones urbaines et rurales. Lorsque Hārith ibn Nu‘mān al-Fahrī en eut connaissance, il enfourcha sa chamelle et se rendit à Médine pour voir le Prophète Muhammad (s). Arrivé à destination, il fit asseoir la chamelle, en descendit, s’approcha du prophète Muhammad (s) et dit :

Tu nous as ordonné d’attester qu’il n’y a de dieu qu’Allah et que tu es Son Messager, et nous avons obéi. Tu nous as demandé d’accomplir les prières cinq fois par jour, et nous l’avons fait. Tu nous as ordonné de payer la zakāt, et nous nous sommes conformés. Tu nous as prescrit le jeûne durant le mois de Ramadan, et nous avons obéi. Ensuite, tu nous as demandé de faire le pèlerinage à la Ka‘bah, et nous l’avons fait. Mais voilà que cela ne semble pas te suffire, tu as saisi la main de ton cousin et tu nous l’as imposé comme maître en déclarant : ‘Ali est le mawlā de celui dont je suis le mawlā.’ Cette imposition vient-elle de toi ou d’Allah ?

Le Prophète Muhammad (s) répondit : Par Allah, qui est l’unique Dieu, ceci vient d’Allah, le Tout-Puissant, le Glorieux. En entendant cela, Hārith tourna les talons et se dirigea vers sa chamelle en disant : Ô Allah, si ce que Muhammad dit est vrai, alors fais tomber sur nous une pierre du ciel et inflige-nous une douleur et un supplice sévères. Il n’avait pas encore atteint sa monture qu’une pierre tomba du ciel, le frappa à la tête, traversa son corps et ressortit par son dos, le laissant mort sur place. (Tafsīr al-Tha‘labī, 1 :35 ; Majma’ al-Bayān, 10 :529)

Les mécréants, comme le mentionne le commentaire du verset 8 :32, ainsi qu’un hypocrite, comme indiqué dans les présents versets, ont demandé à subir le châtiment d’Allah, qui les a saisis dans les deux cas. Selon le Coran, le châtiment des injustes, au cours de leur transition de la vie matérielle terrestre vers l’au-delà spirituel, est inévitable. Dans ce cas précis, le châtiment fut immédiat en raison de la gravité de l’accusation portée contre Allah Lui-même, ainsi que du rejet de l’autorité à la fois de Son Messager et de ses successeurs.

Cette histoire nous enseigne que la miséricorde divine ne signifie pas qu’il n’y aura jamais aucune forme de punition. Elle souligne également l’importance de la wilāyah de l’Imam Ali dans nos vies, alors que nous nous approchons des jours de Ghadīr. Nous prions pour que cette wilāyah imprègne nos vies et intercède en notre faveur dans l’au-delà. Nous invoquons également Allah pour les opprimés à travers le monde, en particulier pour le peuple palestinien.

Sources: Mahmūd b. ʿAbd Allāh al-Ālūsī, Rūh al-maʿānī fī tafsīr al-Qurʾān al-ʿazīm; ‘Abd al-Husayn Amini, Al-Ghadir; Ismāʿīl b. ‘Umar Ibn Kathīr al-Dimashqī, Tafsīr al-Qurʾān al-ʿAzīm; Muhammad b. Ahmad al-Qurtubī, Al-Jāmiʿ li-ahkām al-Qurʾān; Fadl b. al-Hasan al- Tabrisī, Majmaʿ al-bayān fī tafsīr al-Qurʾān.