Réflexion coranique n° 479. Āyat 16 :128 – Combiner la Piété et la Vertu

Bismillah.

Certes, Allah est avec ceux qui [L’] ont craint avec piété et ceux qui sont bienfaisants.

Dans le dernier verset de la Sourate al-Nahl, Allah, subhānahu wata‘ālā, associe le taqwā à la vertu. Plusieurs versets évoquent le lien entre ces deux qualités. Selon l’Islam, la piété et la vertu vont de pair. L’un soutient et met en évidence l’autre. Une personne véritablement pieuse sera vertueuse et bonne envers les autres, et une personne véritablement vertueuse sera pieuse et humble face à son Créateur. Chacune des deux reste incomplète sans l’autre. Ce verset est une conclusion du passage qui invite vers Allah et à être juste dans ses représailles envers les ennemis (versets 125-128), et déclare qu’Allah est avec de telles personnes. Son soutien accompagne ceux qui combinent piété et vertu. 

Lorsque Hamman, le compagnon d’Amīrul Mu’minīn Imam Ali ‘alayhis-salām, lui demanda de décrire le pieux de façon à ce qu’il puisse le visualiser, initialement, l’Imam lui répondit en récitant le verset ci-dessus. Mais Hamman demanda plus de détails et l’Imam donna alors un sermon avec une description détaillée de ceux qui sont véritablement pieux. (Sermon 193, Nahjul Balāghah). Le sermon énumère environ quatre-vingts qualités et juxtapose les vertus religieuses et humaines (comportement avec les humains). En fait, le début du sermon déclare : Les pieux dans ce monde sont les gens de la vertu. Il n’y a pas de distinction entre religion et valeurs humaines.

Plusieurs éthiciens de la vertu contemporains examinent la vertu d’un point de vue séculaire. Selon leurs théories, la vertu est distincte et indépendante de la piété. Mais la source fondamentale de la connaissance de la vertu est la révélation Divine. Confiée aux êtres humains, la définition de la vertu va fluctuer et plusieurs formes d’indécences pourraient être qualifiées de vertus avec le passage du temps. Ce manque de stabilité dans la définition de la vertu est une indication de la fragilité de telles théories. 

Le bonheur de l’être humain, dans les deux mondes, ne s’obtient pas en se focalisant uniquement sur les valeurs religieuses apparentes comme les prières et le jeûne. La relation individuelle avec Allah ‘azza wajall est importante mais la dimension consistant à faire le bien aux autres êtres humains est tout aussi importante, qualités qui peuvent être classifiées de vertus. Les deux éléments sont requis pour la perfection et la proximité avec Dieu et ils découlent tous les deux de la guidance Divine qui se manifeste dans les dispositions internes de la fitrah et les enseignements externes des Prophètes et des Imams ‘alayhimus-salām.

La foi est combinaison de deux valeurs, religieuses et humaines. Lorsque l’on demanda à Imam Ali (a) d’expliquer la foi, il dit : La foi se tient sur quatre piliers – l’endurance, la conviction, la justice et la lutte contre le mal. (Maxime 31, Nahjul Balāghah) Puis l’Imam continua en expliquant chacun de ces quatre piliers et en énumérant quatre qualités soutenant chaque pilier. Ces qualités sont un mélange de ce qui pourrait être considéré comme des valeurs religieuses et humaines. 

Il n’y a pas de dichotomie entre être religieux et être un bon être humain. Choisir l’un aux dépens de l’autre revient à ignorer la croissance complète et holistique de l’âme humaine. Le résultat est alors une âme déséquilibrée qui est privée de la perfection à laquelle elle est destinée. Laissons ce verset être un rappel de l’importance de l’équilibre et de la nécessité de combiner à la fois les valeurs religieuses et humaines en nous. 

Sources: Tahera Qutbuddin. Piety and Virtue in Early Islam: Two Sermons by Imam Ali; Alketab.org