Bismillah.
وَٱصْبِرْ عَلَىٰ مَا يَقُولُونَ وَٱهْجُرْهُمْ هَجْرًۭا جَمِيلًۭا
Et endure ce qu’ils disent ; et écarte-toi d’eux d’une façon convenable.
(Sourate Al-Muzzammil, n.73, verset 10)
Face aux changements, les réactions des gens divergent. Certains acceptent les nouvelles idées, tandis que d’autres les repoussent. Lorsque le Saint Prophète sallallāhu ‘alayhi wa-ālihi wasallam répandit le message de l’Islam à La Mecque, il fit face à une résistance acharnée, marquée par des moqueries et des insultes verbales. Durant les six premières années de sa mission, seuls quarante hommes et onze femmes embrassèrent l’Islam. Ils ignoraient son appel de différentes manières : certains se bouchaient les oreilles (Q71 :7), tandis que d’autres rétorquaient qu’ils suivaient la voie de leurs ancêtres (Q2 :170). Ils étaient si obstinés qu’il est rapporté que le Prophète d’Allah a dit : “Aucun Prophète n’a été tourmenté comme je l’ai été.” (Majlisī, Bihār al-Anwār, 39 :56)
Allah, ‘subhānahu wata‘ālā, a choisi Ses prophètes en fonction de leur capacité et les a constamment guidés sur la meilleure manière d’approcher leur communauté. La Sūrat Al-Muzzammil fut révélée au Prophète (s) comme source de guidance et de réconfort durant les premiers temps de l’Islam. Les premiers versets de cette sourate lui prodiguent des conseils sur la façon de répondre au comportement négatif et obstiné de son peuple.
Allah (swt) lui adressa des directives spirituelles et pratiques. D’un côté, les instructions spirituelles mettaient l’accent sur la prière nocturne (Q73 :2) et le rappel constant du Tout-Puissant comme source ultime de soutien (Q73 :7). De l’autre côté, les directives pratiques exhortaient le Prophète à endurer leurs paroles et à s’écarter d’eux d’une façon convenable (Q73 :10). Ce verset énonce deux disciplines : à la fois intérieure et extérieure.
I. La discipline intérieure consistait à endurer leurs paroles. La patience implique de supporter les épreuves et d’éviter de se plaindre. On peut voir dans la vie du Saint Prophète (s) qu’il était reconnaissant en toute circonstance. En effet, il disait : Alhamdullilahi ‘alā kulli hāl – “Louange à Dieu en toute situation.”
Être patient signifie également persévérer dans l’obéissance aux commandements d’Allah ‘azza wajall, peu importe les situations. C’est ce qu’on appelle al-sabr fi al-ta‘at (la patience dans l’obéissance). Dans ce verset, Allah (swt) encourage le Prophète à poursuivre sa mission sans compromis, ni découragement. L’homme a tendance à rechercher des résultats immédiats et à vouloir que les gens changent en peu de temps. Dieu, le Tout-Puissant, a demandé au Prophète d’être patient avec les polythéistes. Même s’ils n’acceptaient pas sa prédication au début, ils pourraient accepter le message avec le temps. C’est ce qui s’est passé lors de l’expédition à Taïf, lorsque le Prophète (s) a été reçu avec des pierres et des bâtons. Lorsque Jibra’īl lui demanda de prier contre les habitants de Taif, il répondit : J’espère plutôt qu’Allah suscitera parmi leurs descendants des gens qui adoreront Allah, l’Unique, et qui ne Lui attribueront pas d’associés. (Al Bidayatu Wan Nihayah, Ibh Kathir, 1 :52)
2. La discipline extérieure consiste à s’écarter d’eux d’une façon convenable. Se tenir à l’écart ne signifie pas s’isoler des gens et rester loin d’eux. Le terme هَجْرًۭا جَمِيلًۭا ou une belle distanciation est une forme d’éloignement du mal et du danger des gens. Cette partie du verset ordonne au Prophète (s) de ne pas leur rendre la pareille. S’ils lui parlaient mal ou le harcelaient, il devait leur répondre par de bonnes manières et la bienséance. (Tafsīr al-Mīzān)
Son attitude peut être comparée à celle d’un jardinier qui travaille de près avec des roses recouvertes d’épines. Il ne se retient pas de cueillir le rose juste parce qu’il risque de se faire piquer par les épines et de saigner. Au contraire, il continue de manipuler les roses tout en restant vigilant et précautionneux en présence des épines qui les entourent. (Tafsīr-e Namūneh)
Nous prions le Tout-Puissant de faciliter et de renforcer nos contributions au sein de nos communautés et de leur donner un impact grâce à la patience et à la grâce. Nous continuons à prier pour les opprimés palestiniens, rohingyas, soudanais, etc. qui gardent espoir malgré les injustices et les oppressions atroces qu’ils continuent d’endurer, avec dignité et force morale.
Ressources : ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān. Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh.