Bismillah.
أُحِيطَ بِثَمَرِهِ فَأَصْبَحَ يُقَلِّبُ كَفَّيْهِ عَلَىٰ مَا أَنفَقَ فِيهَا وَهِيَ خَاوِيَةٌ عَلَىٰ عُرُوشِهَا
وَيَقُولُ يَا لَيْتَنِي لَمْ أُشْرِكْ بِرَبِّي أَحَدًا
Et sa récolte fut détruite et il se mit alors à se tordre les deux mains à cause de ce qu’il y avait dépensé, cependant que ses treilles étaient complètement ravagées. Et il disait : « Que je souhaite n’avoir associé personne à mon Seigneur. »
(Sūrat Kahf, No. 18, Āyat 42)
Comme mentionné dans une réflexion coranique précédente, les figures de style sont des usages d’un mot ou d’une phrase qui dévient intentionnellement de leur utilisation originale pour produire un effet rhétorique. Dans la rhétorique arabe, les figures de style sont discutées dans la discipline appelée ‘ilm al-bayān. Les ouvrages de cette discipline traitent des figures de style abondamment utilisées dans la littérature arabe telles que la comparaison, l’allégorie et la métonymie. Parmi ces discussions, les savants approfondissent les composantes de chaque figure de style, son objectif et les différentes façons dont elle peut être utilisée. Il est intéressant de noter que les érudits musulmans ont d’abord commencé à discuter de la rhétorique arabe en se basant sur leur analyse du Noble Coran, des siècles avant de structurer et de codifier ces discussions. Par exemple, le compilateur de Nahj al-Balāghah, Sharīf al-Radī (décédé en 406 AH), a écrit un livre intitulé Talkhīs al-Bayān, dans lequel il présente une liste complète de toutes les comparaisons et métaphores dans le Coran.
Une métonymie est lorsqu’un terme est substitué à un autre terme auquel il est étroitement associé. Les métonymies reposent sur les associations entre concepts pour permettre aux locuteurs de transmettre indirectement un sens, ajoutant de la profondeur, des images et de la complexité au discours. Par exemple, dans la phrase « la couronne a annoncé de nouvelles lois », l’expression « la couronne » est une métonymie pour la monarchie ou l’autorité dirigeante. En arabe, une métonymie peut être traduite par kināyah bien qu’il existe des différences subtiles dans la manière dont ces concepts sont expliqués. Contrairement à une comparaison, où les deux choses comparées sont présentes, une métonymie ne contient que le terme substitué. De plus, une comparaison compare deux choses similaires dans une certaine qualité, par exemple, « son sourire était aussi brillant que le soleil ». En revanche, une métonymie utilise un terme qui est d’une manière ou d’une autre lié à celui qui est visé, par exemple, « la presse » est utilisé de manière métonymique pour désigner les journalistes et les médias d’information. Cette utilisation n’est pas basée sur une similitude, mais sur le contexte historique de l’utilisation de la presse à imprimer par les journalistes.
Peu importe comment nous les nommons ou les définissons, le Noble Coran utilise sans aucun doute de telles figures de style. Considérez le verset ci-dessus, qui raconte l’histoire d’un mécréant dont la récolte a été détruite. Lorsque le verset dit qu’il se tordait les mains, cela indique qu’il était en état de tristesse et de chagrin. Bien que le lecteur puisse imaginer ce mécréant se tordant les mains, cette action est tout de même une kināyah ou une métonymie. Ou, par exemple, dans la Sūrat al-Zukhruf, verset 18, les polythéistes sont cités en train de parler de leurs filles ainsi :
أَوَمَن يُنَشَّأُ فِي الْحِلْيَةِ وَهُوَ فِي الْخِصَامِ غَيْرُ مُبِين
Quoi ! Celui qui est élevé parmi les ornements et qui est invisible dans les disputes ?
Cela peut également être expliqué comme une métonymie. L’intention principale en disant cela est de dégrader leurs filles et de dire qu’elles sont peu utiles, comme c’était courant dans la culture barbare de l’Arabie avant l’Islam. Un troisième et dernier exemple de métonymie se trouve dans le verset 39 :67 qui parle de la puissance d’Allah en disant :
وَالسَّمَاوَاتُ مَطْوِيَّاتٌ بِيَمِينِهِ
Et les cieux seront enroulés dans Sa main droite.
Indépendamment de la discussion sur la main d’Allah et de la compréhension acceptable de cela, tout le verset peut être considéré comme une métonymie indiquant la puissance d’Allah. Les métonymies sont souvent utilisées pour faire subtilement référence à quelque chose que l’on ne veut pas mentionner explicitement. Ces métonymies apparaissent de manière répétée dans le Noble Coran, par exemple dans deux versets (4 :43 et 5 :6) parlant du ghusl, le terme ghā’it est utilisé comme une métonymie pour faire poliment référence au fait d’être allé aux toilettes. Le mot ghā’it désigne une fosse ou une dépression dans le sol, car un tel endroit était souvent utilisé pour se soulager.
Nous prions Allah d’augmenter notre compréhension et notre amour pour le Noble Coran. Nous Lui demandons, en ces jours bénis du mois de Ramadan, l’opportunité d’apprendre la langue arabe au cours de notre vie afin que nous puissions profiter directement de la beauté miraculeuse du Coran et des récits des Ahl al-Bayt (que la paix soit sur eux).
Sources : Hussein Abdul-Raof, Rhétorique Arabe ; Sayyid Muhammad Mansūrī, Balāghat-e Karbordī.