Bismillah.
يَمْحَقُ اللَّهُ الرِّبَا وَيُرْبِي الصَّدَقَاتِ ۗ وَاللَّهُ لَا يُحِبُّ كُلَّ كَفَّارٍ أَثِيمٍ
Allah anéantit l’intérêt usuraire et fait fructifier les aumônes. Et Allah n’aime pas le mécréant pécheur.
(Sourate al-Baqarah, No 2, Āyat 276)
Outre le fait de se lier d’amitié avec les ennemis de la religion, aucun autre péché n’a été traité aussi sévèrement que celui de l’intérêt (ribā) dans les versets du Noble Coran et les narrations des Ahl al-Bayt (que la paix soit sur eux). Dans le verset ci-dessus, Allah dit que l’intérêt n’a pas de bienfait et qu’il entraînera une perte pour la personne qui le pratique, aussi bien dans ce monde que dans l’au-delà. Dans le verset précédent, Allah décrit comment ces personnes seront soulevées le jour du Jugement, « comme se tient celui que le toucher de Satan a bouleversé. » (Q 2 :275). Dans un autre verset de la même page, Allah décrit l’intérêt comme une déclaration de guerre contre Allah et son apôtre (Q 2:279). Ce ne sont là que quelques exemples coraniques remarquables que l’on trouve dans la Soūrate al-Baqarah. Les récits des Ahl al-Bayt sont également extrêmement sévères en ce qui concerne l’usure. Une narration du sixième Imām (que la paix soit avec lui) décrit le fait de prendre une seule pièce d’argent en intérêt comme étant pire que de commettre l’adultère soixante-dix fois avec un membre de la famille. Dans un autre récit, le Messager d’Allah (paix et bénédictions sur lui et sa famille) maudit tous ceux qui sont associés au fait de prendre un intérêt, même celui qui témoigne ou celui qui écrit l’accord.
Contrairement à ces traditions, la recherche licite de revenus et l’octroi de prêts sans intérêt (qard al-hasanah) sont très appréciés dans l’Islam. Dans une narration, le Noble Messager dit que l’adoration se compose de soixante-dix parties, dont la meilleure est la recherche d’une subsistance licite.
Les déclarations sévères mentionnées ci-dessus indiquent la nature grave de ce péché et peuvent être attribuées (au moins en partie) aux répercussions sociales désastreuses de la prise d’intérêt et du prélèvement d’usure. Il convient de noter que le mot « usure » en français désigne un taux d’intérêt excessivement élevé, alors que ce qui est interdit par l’islam est tout montant d’intérêt. Quoi qu’il en soit, lorsque l’intérêt ou l’usure se répand dans la société, il en résulte une monopolisation des richesses entre les mains d’une riche minorité. Il en résulte une inégalité économique qui, elle-même, peut entraîner d’autres problèmes tels que la violence et la criminalité.
Dans le monde d’aujourd’hui, il semble difficile, voire impossible, d’imaginer comment les économies et les institutions financières fonctionneraient sans intérêts. C’est pourquoi nos juristes (qu’Allah les préserve) ont appliqué leur ijtihād et conseillé la communauté sur ce qu’il faut faire lorsqu’on doit contracter une hypothèque pour une maison. Les détails peuvent être trouvés dans leurs Risālah (livres de droit islamique). Néanmoins, même si nous sommes obligés de nous engager à un niveau individuel, nous devons reconnaître les problèmes associés au système dans son ensemble.
Malgré la nature complexe de ces institutions aujourd’hui et les progrès matériels remarquables qu’elles ont permis de réaliser, il ne fait aucun doute qu’elles sont également la source de problèmes et d’injustices. Prenons l’exemple des inégalités économiques, de la cupidité des entreprises et de l’influence de l’argent sur la politique, qui sont monnaie courante dans le monde d’aujourd’hui. N’est-ce pas (au moins en partie) le résultat d’un système économique qui dépend de l’intérêt ? C’est pourquoi des penseurs musulmans récents, tels que le Shiite Sayyid Muhammad Bāqir al-Sadr ou le Sunnite Abū al-A’lā Mawdūdī, ont tenté de travailler sur ce sujet, en illustrant les méfaits de l’intérêt et en présentant ce à quoi ressemblerait le système économique islamique. Malgré les efforts louables de ces deux érudits décédés et d’autres penseurs musulmans contemporains, il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine.
Nous prions Allah de bénir ces penseurs musulmans concernés qui tentent courageusement d’aborder les questions modernes avec une solution véritablement islamique. Nous l’implorons de nous bénir avec une subsistance licite dans notre vie et de nous permettre de toujours rester à l’écart des péchés tels que l’intérêt. Enfin, nous implorons Allah, au nom de ses serviteurs bien-aimés, d’instaurer une justice économique durable dans le monde et de ne pas permettre aux riches d’abuser des pauvres.
Sources: Shahīd Dastgheib Shīrāzī, The Greater Sins.