Waman adhallu mimanit-taba‘a hawāhu bighayri hudan minal-lāhi
Et qui est plus égaré que celui qui suit sa passion sans une guidée d’Allah ?
(Sūrat al-Qasas, No.28, Āyat 50)
Les êtres humains éprouvent des émotions et des désirs forts. Le désir de l’intimité, de la beauté, de la richesse, des enfants, tout est instauré dans la psyché humaine afin de faciliter le cheminement vers la perfection. Lorsqu’ils sont parfaitement canalisés, ils permettent à l’être humain d’atteindre un statut bien élevé dans sa vie. Mais les désirs peuvent être très puissants. Ils peuvent dominer l’esprit d’une personne et l’éloigner de la réalité. Quand une personne suit ses désirs et s’y soumet, sans prendre en considération la guidance reçue de Dieu, elle s’égare. Suivre ses désirs est directement lié à l’égarement.
Pour comprendre l’effet du désir, il est important d’analyser la façon dont il agit sur l’intelligence humaine. Il met un voile sur les yeux de l’esprit. Cela rend une personne tellement emprise par son objectif qu’elle néglige la réalité. Pour comprendre la réalité il faut une objectivité. Cela signifie accepter la réalité, qu’elle soit convenable ou amère, que l’on y ressorte gagnant ou perdant. Ces conditions ne sont pas compatibles avec les exigences du désir.
Dans un autre verset, Allah Tout-Puissant accentue encore plus cette vérité avec des termes plus poignants. Il appelle désir, le dieu de certains êtres humains. Il dit : Ne vois-tu pas celui qui a fait de sa passion sa divinité ?’(Q 25 :43). Un tel dieu a été condamné dans les termes les plus forts, dans les hadiths. Le Prophète (s) a dit : Il n’y a pas d’autre dieu sous le ciel, qui ait été adoré en dehors d’Allah, qui soit pire que le désir. (Tafsīr Namūne traduit de l’anglais). Aucune autre divinité n’est aussi méprisable que le désir de l’être humain.
L’Imam al-Sādiq (a) a dit : Aies crainte de tes désirs de la même manière que tu crains tes ennemis. Car il n’y a pas plus grand ennemi pour les êtres humains que leurs propres désirs et ce que leurs langues pourraient récolter. (Al-Kulaynī, al-Kāfī 2 : 336., traduit de l’anglais)
Souvent, l’assouvissement de ses désirs n’est pas reconnu pour sa bassesse. Il peut alors être déguisé en liberté, en distraction, en soutien à la masse, etc. Il recouvre la personne d’un voile, ainsi que ceux qui l’entourent. Seuls ceux qui sont clairvoyants et réfléchissent sur la réalité, sont capables de le discerner.
Ce verset nous rappelle le danger de l’égarement en suivant nos désirs et nos opinions personnels. Un hadith de l’Imam Abou al-Hassan, Moussa al-Kāzim (a) explique le verset ci-dessus : Cela signifie qu’une personne considère son opinion comme sa religion, sans suivre un Imam bien guidé. (Tafsīr Nūr al-Thaqalayn, 4 :132). Celui qui refuse la guidance émanant de la source originelle de la création a en effet succombé à ses désirs personnels et est inclus dans le verset ci-dessus.
Sources : Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh ; Agha Muhsin Qarā’atī, Tafsīr Nūr ; ‘Abd Ali b. Jumu‘ah al-‘Arūsī al-Huwayzī, Tafsīr Nūr al-Thaqalayn.