Et s’ils vous demandent secours au nom de la religion, à vous alors de leur porter secours
(Soūratul Anfāl, No.8, Āyat 72)
Venir en aide aux opprimés, pour quiconque en a la possibilité, est une responsabilité innée de la fitrat soit l’instinct interne de l’être humain, dans le aql (intelligence humaine) et dans la Sharī’ah ou code de lois. L’opprimé ou mazloūm est celui dont les droits ont été bafoués. L’Islam insiste sur le fait de: se dissocier de toute forme d’oppression, se refuser toute forme de coopération avec l’oppresseur et porter secours aux opprimés. Celui qui est opprimé doit s’ériger pour défendre ses droits, s’exprimer pour dénoncer l’injustice et demander assistance. Les autres croyants doivent écouter et répondre à l’appel au secours.
Le verset ci-dessus est une partie d’un verset présentant les liens existants dans une communauté de croyants. Les croyants se soutiennent et se renforcent mutuellement afin d’apporter justice et progrès dans la communauté. Selon ce verset, tous les groupes de croyants sont amis et protecteurs les uns des autres. Quand un groupe a besoin d’aide, les autres se doivent de porter assistance. Ils ne peuvent ignorer un appel à l’aide. L’exception mentionnée à la fin du verset ne s’applique que si l’aide entraînerait la rupture d’accords précédents, passés avec un autre groupe de gens.
Les Hadiths sur le thème de l’aide aux opprimés sont variés :
Les Hadiths qui considèrent qu’il s’agit d’un devoir religieux obligatoire.
Imam Ali (a), lorsqu’il a accepté le califat de la Oummah Musulmane après l’assassinat de ‘Othman, a dit: Par celui qui a fendu le grain et créé la brise, si ce n’était la présence de ceux qui sont venus me proclamer calife et la volonté de l’armée d’établir la justice; si ce n’était aussi les savants qui ont promis à Dieu de ne pas accepter la mainmise des injustes et la privation de celui qui subit l’injustice, j’aurais délaissé le califat aller à la dérive. (Nahjul Balāgha, Sermon 3) L’Imam Zaynoul ‘Ābidīn (a) dans son invocation pour demander pardon à Allah dit: Mon Dieu! Je te demande de m’excuser pour (tout) opprimé, victime d’une injustice en ma présence et que je n’ai pas secouru… (Sahīfa Sajjādiyya, Du‘ā 38, Passage 1).
Les Hadiths qui considèrent qu’aider un opprimé est l’un des actes les plus nobles selon l’Islam.
Imam al-Sādiq (a) a dit: Lorsque qu’un croyant vient en aide à un croyant opprimé, cela est meilleur que jeûner un mois et être en I’tikaf au Masjid al-Harām. Et lorsqu’un croyant aide un croyant alors qu’il en a la possibilité, Allah l’aidera dans ce monde et dans l’Au-delà et lorsqu’un croyant abandonne et humilie un croyant alors qu’il est en mesure de l’aider, Allah l’humiliera dans ce monde et dans l’Au-delà. (Bihāroul Anwār, v. 20, p. 75).
Les Hadiths qui condamnent ceux qui sont peu disposés à venir en aide aux opprimés.
Un Hadith emphatique du Saint Prophète (s) dit: Celui qui se lève le matin et qui ne se préoccupe pas des affaires des Musulmans, n’est pas Musulman.” Il a également dit: “Quiconque entend un Musulman appeler d’autres Musulmans et qui ne lui répond pas, n’est pas Musulman.
Le monde d’aujourd’hui est rempli de gens opprimés réclamant de l’aide. Depuis la vague des réfugiés inondant le monde, aux gens opprimés sur leurs propres terres depuis des décennies, il semblerait qu’il y ait un flux continu de gens accablés par différentes formes de persécution. Nous pouvons les aider de différentes façons. Cela pourrait débuter par une prise de conscience de leur détresse, en priant pour eux, en discutant de leur situation – que ce soit lors des réunions privées ou communautaires – en plaidant leur cause et en faisant passer le mot, en leur témoignant notre solidarité, en les aidant financièrement et physiquement si possible…. et plus encore. L’indifférence vis-à-vis de leur sort n’est pas une option. Il ne convient pas à un croyant qui aime Dieu, d’ignorer les plaintes des serviteurs de Dieu. Les aider revient à aider Dieu.
En ce dernier Vendredi du mois béni de Ramadan, alors que nous commençons à lui faire nos adieux, rappelons-nous de ce devoir important au même titre que nos autres obligations de jeûnes et de prières. Beaucoup de Musulmans ont fait de ce jour saint, un jour de solidarité avec les opprimés. Mémorisons ce verset et accomplissons notre part. Tel est notre rôle au sein de la Oummah, avançant globalement vers Dieu.
Sources: Imam Ali bin Abu Talib, Nahjul Balāgha; Imam Zaynul ‘Ābidīn (a), Sahīfa Sajjādiyya
Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (ed.), Tafsīr-e Namūne