وَإِن كَادُوا لَيَفْتِنُونَكَ عَنِ الَّذِي أَوْحَيْنَا إِلَيْكَ لِتَفْتَرِيَ عَلَيْنَا غَيْرَهُ ۖ وَإِذًا لَّاتَّخَذُوكَ خَلِيلاً
Wa-in kādū layaftinūnaka ‘anil-ladhī awahaynā ilayka liyaftariya ‘alayna ghayrahu wa-idhan lattakhadhūka khalīlā
Ils ont failli te détourner de ce que Nous t’avions révélé, [dans l’espoir] qu’à la place de ceci, tu inventes quelque chose d’autre et (l’imputes) à Nous. Et alors, ils t’auraient pris pour ami intime.
(Sūrat al-Isrā, No 17, Āyat 73)
Ce verset parle des efforts des polythéistes pour que le Prophète sallal-lāhu ‘alayhi wa-ālihi wasallam se tourne vers eux et accepte certains de leurs points de vue. Ils voulaient qu’il agisse sur les choses pour lesquelles il n’y avait pas eu de révélation. Cela aurait alors été attribué à Allah ‘azza wajall étant donné que le Prophète (s) avait dit qu’il agissait uniquement d’après la révélation d’Allah. Une telle supercherie était le but des opposants à l’Islam. Si le Prophète (s) avait fait ce qu’ils lui demandaient, ils auraient été contents et l’auraient soutenu. Il y a ici une tentative de manipulation psychologique ; nous serons tes amis et nous te soutiendrons si tu suis certaines de nos idées.
Selon le Tafsīr al-Mīzān, ce verset a été révélé parce que les polythéistes sont venus voir le Prophète Muhammad sallal-lāhu ‘alayhi wa-ālihi wasallam, et lui ont demandé de ne rien dire contre leurs idoles.
Ils ont également exigé que les esclaves qui avaient embrassé l’Islam soient tenus à l’écart du Prophète (s), car ils ne pouvaient tolérer d’écouter le Prophète (s) tout en restant dans la même assemblée que leurs anciens esclaves. Une telle différenciation de statut serait alors considérée comme venant de Dieu, et justifierait leur attitude raciste. Ils seraient alors du côté du Prophète.
Ce verset ne dit pas que le Prophète (s) était affecté par leurs paroles ou qu’il était enclin à les suivre. Mais c’est ce qu’ils ont essayé de faire. Normalement, de telles tentatives pourraient avoir une influence sur la nature humaine. Mais le verset suivant montre clairement que le Prophète (s) était protégé par Allah subhānahu wata‘ālā contre de tels effets : Et si nous ne t’avions pas raffermi, tu aurais bien failli t’incliner quelque peu vers eux (Q17 :74). Ceci est très similaire à la manière dont Allah (swt) décrit comment Il a protégé le Prophète Yusuf (a) : Et, elle le désira. Et il l’aurait désirée n’eût été ce qu’il vit comme preuve évidente de son Seigneur. (Q12 :24) Ces versets sont la preuve que les Prophètes n’agissaient jamais mal. Cela aurait pu se faire mais ils en étaient protégés.
Les personnes qui s’efforcent de préserver les principes justes et de les transmettre aux autres peuvent devenir vulnérables aux tactiques de l’opposition. Cela est particulièrement vrai quand les parties opposées enfilent un masque amical et incitent l’autre partie à faire des compromis et à accepter certains de leurs points de vue. Cela devient une fabrication, une “fausse” religion qui est un mélange de principes véridiques et de fausses idées. Il est facile d’être attiré par les idées du camp des opposants, surtout lorsqu’il y a une éventualité que la vérité – bien que déformée – puisse se répandre largement et attirer plus d’adeptes, ou qu’elle puisse dissuader les opposants, et dans certains cas, éviter des pertes. Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que la vérité doit rester pure, et ne doit pas être altérée. Il ne sert à rien d’avoir un grand nombre d’adeptes pour une vérité entachée de beaucoup de contrevérités.
Le monde séculier tente de pratiquer une manipulation psychologique terriblement similaire sur ceux qui ont la foi. Des tentatives sont menées pour inclure des opinions laïques et non Islamiques aux pratiques religieuses, sous prétexte de les rendre attrayantes pour beaucoup. Lorsque les croyants succombent à ces subtiles exigences, les opposants deviennent “amis” avec eux. Ils font leurs éloges et les soutiennent. Une telle dilution dans la foi est un prix lourd à payer, qui n’a pas sa place dans la vie d’un véritable serviteur d’Allah (swt) qui se soumet à Ses ordres tels qu’ils ont été révélés par Lui.
Que ce verset nous rappelle le danger de s’incliner vers ceux qui n’ont pas la foi et qui souhaitent diluer la nôtre. Ils peuvent avoir des approches amicales et faire des promesses de soutien et d’amitié, mais en matière de religion, il ne peut jamais y avoir de compromis. Il n’y a pas de place pour l’invention dans la foi.
Sources : Shaykh Tabarsī, Tafsīr Majma’ul Bayān ; Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh.