Réflexion Coranique No. 357 Āyat 8 :23 – Entendre réellement

وَلَوْ عَلِمَ اللَّهُ فِيهِمْ خَيْرًا لَّأَسْمَعَهُمْ ۖ وَلَوْ أَسْمَعَهُمْ لَتَوَلَّوا

وَّهُم مُّعْرِضُونَ


Walaw ‘alimal-lāhu fīhim khayran la-asma‘ahum. walaw asma‘ahum la-tawallaw wahum mu‘ridhūn

Et si Allah avait reconnu en eux quelque bien, Il aurait fait qu’ils entendent. Mais même s’Il les faisait entendre, ils tourneraient sûrement le dos en s’éloignant.
(Sūrat al-Anfāl, No 8, Āyat 23)

Ce verset est une affirmation puissante du fait qu’Allah ‘azza wajall guide ceux qui sont eux-mêmes attirés par la guidance. Le verset explique que lorsqu’il y a du bien chez les gens, Allah leur fait entendre la vérité. Cela montre qu’Allah renforce l’âme qui souhaite avancer vers Lui. Ceux qui entendent souvent la parole d’Allah et sont conscients de Sa vérité mais qui refusent de l’écouter seront privés de Sa grâce.

Selon certaines narrations, ce verset a été révélé lorsqu’un groupe de polythéistes est venu voir le prophète Mohammad sallal-lāhu ‘alayhi wa-ālihi wasallam et lui a demandé de ramener à la vie l’un de leur dirigeant décédé. Ils déclarèrent que s’il ressuscitait et témoignait de la prophétie du Prophète, eux aussi croiraient en lui. Ce verset a été révélé pour expliquer que s’ils étaient sincères, Allah (swt) aurait exaucé leur requête. Mais leur objectif était de bafouer l’Islam et de la rejeter par de telles demandes.

‘Entendre la vérité’ comprend plusieurs niveaux :
  1. Certaines personnes refusent ne serait-ce que d’écouter la vérité et essaient ensuite d’empêcher les autres de le faire également. Le Coran dit : Et ceux qui ne croient pas disent : « Ne prêtez pas l’oreille à ce Coran, et faites du chahut (pendant sa récitation), afin d’avoir le dessus » (Q 41 :26).
  2. Parfois, les gens entendent seulement les mots, mais ne méditent pas dessus.
  3. Il y a des gens qui écoutent la vérité mais qui y prêtent très peu d’attention. Ils ne la prennent pas au sérieux. Le Coran parle de telles personnes : Et il en est parmi eux qui t’écoutent. Une fois sortis de chez toi ils disent à ceux qui ont reçu la science : « Qu’a-t-il dit tout à l’heure ? » (Q 47 :16).
  4. Certaines personnes l’écoutent et y réfléchissent, mais elles ont perdu la capacité de discerner la vérité. Les paroles de vérité ne les affectent pas et elles n’ont aucune motivation pour les assimiler et agir en conséquence. Le Coran parle du peuple du Prophète Mūsā ‘alayhis-salām qui a entendu la vérité mais qui a refusé d’agir en conséquence : Ils ont dit : Nous entendons et désobéissons (Q 2 :93).

Le Coran appelle toutes ces personnes sourdes et incapables d’entendre parce qu’en réalité, écouter la vérité, c’est la capacité d’entendre les mots, d’y prêter attention, d’y penser et de formuler l’intention d’agir en conséquence. Allah dit : : « Nous avons entendu », alors qNe soyez pas comme ceux qui disent u’ils n’entendent pas (Q 8 :21). Nombreux sont ceux qui écoutent une bonne récitation du Coran et en sont affectés émotionnellement. Ils réagissent et émettent des sons appréciatifs. Mais il y a peu d’obéissance au message des mots. Ce n’est qu’une écoute partielle car ils n’ont pas rempli toutes les étapes d’une véritable écoute.
La seconde partie du verset explique que si Allah (swt) leur faisait entendre et leur donnait une force supplémentaire, cela ne leur serait pas utile puisqu’ils n’ont pas cette bonté initiale sur laquelle il est possible de travailler. Une grâce supplémentaire d’Allah ne produirait pas de bonté en eux. Ils doivent avoir cette bonté en eux et ensuite, cette grâce engendrerait des fruits. ‘Leur faire entendre’ dans la première partie du verset ne peut se faire qu’à la condition qu’il y ait du bien en eux, et dans la seconde partie du verset, il y a une prédiction de leur comportement dans la mesure où il n’y a aucun bien en eux.

Que ce verset nous rappelle ce qu’est en réalité l’écoute et que l’on soit de ceux qui écoutent vraiment, de peur que nous ne regrettions le Jour du Jugement : Et ils diront : « Si nous avions écouté ou raisonné, nous ne serions pas parmi les gens de la Fournaise.” (Q 67 :10)

Sources : ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān ; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh.