Réflexion Coranique No. 355 Āyat 25 :67 – La modération dans les dépenses


وَالَّذِينَ إِذَا أَنفَقُوا لَمْ يُسْرِفُوا وَلَمْ يَقْتُرُوا وَكَانَ بَيْنَ ذَٰلِكَ قَوَامًا ‎

Waladhīna idhā anfaqū lam yusrifū wa lam yaqturū wa kāna bayna dhālika qawāmā  Qui, lorsqu’ils dépensent, ne sont ni prodigues ni avares mais se tiennent au juste milieu.
(Surat Al-Furqān, No.25, verse 67)
Le verset ci-dessus apparaît dans une série de versets dans lesquels Allah ‘azza wajall décrit les qualités des serviteurs du Miséricordieux – ‘Ibād al-Rahmān. Dans ce verset, l’une des qualités qu’Allah attend de Ses serviteurs est qu’ils pratiquent la modération.

Le verset peut être compris dans un sens général et dans le contexte spécifique qu’il décrit. D’un point de vue général, les serviteurs d’Allah sont modérés dans tous les aspects de leur vie ; dans leur façon de dormir, de manger, de passer leur temps libre, etc. Dans tout ce qu’ils font, ils ne pratiquent ni l’ifrāt (excès) ni le tafrīt (négligence). Comme Allah dit : Ô enfants d’Adam, dans chaque lieu de Salat portez votre parure (vos habits). Et mangez et buvez ; et ne commettez pas d’excès, car Il [Allah] n’aime pas ceux qui commettent des excès (Q 7 :31). La recommandation de la modération s’applique également à notre âme, afin que nous ne laissions pas l’excès ou la négligence détruire nos facultés innées. Par la pratique assidue de la modération, nous pouvons nous épanouir et atteindre des qualités nobles telles que la sagesse, la chasteté, le courage et la justice.
La compréhension spécifique de ce verset fait référence à une dépense modérée et équilibrée de nos richesses. Allah subhānahu wata‘ālā utilise deux mots pour décrire le manque de modération dans ce contexte : isrāf et iqtār. Isrāf consiste à dépenser plus que ce qui est nécessaire, soit en dépensant pour ce dont on n’a pas vraiment besoin, soit pour des choses qui sont extravagantes et même parfois inacceptables. L’Iqtār, quant à lui, consiste à dépenser moins que ce qui est nécessaire. Nous avons l’obligation de ne pas être excessifs dans nos dépenses au point que notre famille et ceux qui dépendent de nous souffrent de notre gaspillage. Et aussi, de ne pas être avare au point que les autres ne bénéficient pas de nos ressources. C’est entre ces deux extrêmes que se trouve la modération.

Il n’existe pas de règle ou d’équation exacte qui nous permette de mesurer si nous faisons preuve de modération dans nos dépenses. Cependant, l’Imam Ali ‘alayhis-salām a une belle tradition dans laquelle il nous donne un principe de base à suivre. Fuyez donc les extravagances en économisant et rappelez-vous aujourd’hui ce dont vous aurez besoin demain.  Conservez les richesses dans la mesure de vos nécessités et prévoyez le surplus pour le jour où vous en aurez besoin. (Ghurar al-Hikam, H 4365). 

Le conseil de l’Imam en accord avec ce verset comprend trois points :1 – Être intelligent et économe avec ses ressources. Nous devons savoir quelles sont nos dépenses et obligations et veiller à ce que ces besoins soient satisfaits en priorité.
2 – Mettre de côté une partie de ce dont nous pourrions avoir besoin à l’avenir, soit pour des urgences, soit pour des dépenses que nous anticipons.
3 – Dépenser pour ce qui sera bénéfique pour notre avenir. Si nous pouvons faire les deux premiers ; nous acquitter de nos obligations et être intelligent pour notre avenir, alors nous pourrons donner aux autres et dépenser pour notre au-delà.
Il est intéressant de noter que le Coran parle également de modération dans le don de charité. Il dit : Ne porte pas ta main enchaînée à ton cou [par avarice], et ne l’étend pas non plus trop largement, sinon tu te trouveras blâmé et chagriné (Q 17 :29). 

‘ Allāmah Tabātabā’ī dans Tafsīr al-Mīzān explique ce verset comme suit :”La main enchaînée au cou” est une manière métaphorique de parler de la rétention, comme le cas de celui qui ne donne pas ou ne fait pas de dons par cupidité et avarice. “Étendre la main trop largement” est une métaphore pour désigner le fait de donner tout ce que l’on possède de telle sorte qu’il ne reste rien, comme celui qui ouvre complètement sa paume de telle sorte qu’elle ne peut plus rien contenir [comme l’eau de pluie]. Ainsi, ce verset met l’accent sur l’interdiction de pratiquer les extrêmes en matière de don.

Laissons ces versets nous rappeler la nécessité de la modération dans les dépenses, et dans tous les aspects de la vie. La modération mène à une vie équilibrée et nous aide tant dans ce monde que dans l’au-delà.
Sources : Āyatullāh Nāsir Makārim Shīrāzī, Al-Amthal fī Tafsīr Kitāb Allah al- Munzal, ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān.