Réflexion Coranique No. 339 Āyat 11 :87 – Le dialogue de Nabī Shu‘ayb avec son peuple

قَالُوا يَا شُعَيْبُ أَصَلَاتُكَ تَأْمُرُكَ أَن نَّتْرُكَ مَا يَعْبُدُ آبَاؤُنَا أَوْ أَن نَّفْعَلَ فِي أَمْوَالِنَا مَا نَشَاءُ ۖ إِنَّكَ لَأَنتَ الْحَلِيمُ الرَّشِيدُ ‎﴿٨٧﴾‏

Qālū yā shu‘aybu asalātuka ta’muruka an natruka mā ya‘budu ābā’unā aw naf‘ala fī amwālinā mā nashā’u innaka la-antal-halīmur-rashīd.

Ils dirent : “O Chuayb ! Est-ce que ta prière te demande de nous faire abandonner ce qu’adoraient nos ancêtres, ou de ne plus faire de nos biens ce que nous voulons? Est-ce toi l’indulgent, le droit ?”

(Sūrat Hūd, No 11, Āyat 87)

Ce verset est une réponse du peuple de Madyan au Prophète Shu‘ayb ‘alayhis-salām lorsqu’il les a invités à l’adoration d’un seul Dieu et aux voies justes des transactions financières. Cette phrase est une révélation subtile de leur pensée et de leur attitude vis-à-vis de la vie sur terre. Ils lui disent qu’ils devraient être libres de décider qui ils veulent adorer et ce qu’ils font de leur richesse.

Ils font référence à sa prière et à son adoration et disent que s’il souhaite se rapprocher d’Allah azza wajall, alors il doit le faire pour lui-même et ne pas aller au-delà. Il n’est pas responsable de leur personne. Les gens expriment ces points sous forme de question, mais de manière condescendante. « Est-ce votre salāt qui vous fait parler comme ça ? », impliquant que la salāt ne devrait être réservée qu’à la taqwā personnelle, et qu’il faisait une erreur lorsqu’il se permettait d’avertir son peuple.

‘Allāmah Tabātabā’ī fait les remarques suivantes à propos de ce verset :

  1. Les habitants de Madyan associent la mission du prophète Shu‘ayb à sa salāt parce qu’ils savaient qu’accomplir la salāt conduit une personne à contrer le mensonge. Notez qu’ils disent, “est-ce que votre salāt vous enjoint que nous abandonnions ce que nos pères ont adoré. . .” plutôt que “est-ce que votre salāt vous interdit de nous laisser adorer ce que nos pères ont adoré . . .” Il y a une différence subtile entre ces deux formulations qui en dit long sur la fonction de la salāt.
  1. Les gens disent qu’il veut qu’ils abandonnent ce que leurs pères adoraient, plutôt que de dire qu’il veut qu’ils abandonnent leurs dieux. Leur message était que c’est une pratique dans leur pays de faire cela, et qu’il n’y avait aucun problème à suivre une pratique établie. Ils voulaient respecter ce sur quoi des générations de leur peuple avaient agi et le préserver pour les générations futures. Peu importait que les dieux soient réels ou non.
  1. La mention “nos” biens est une indication que puisqu’ils nous appartiennent, personne n’a le droit de nous dire comment nous devons ou non les utiliser. Toute personne intelligente sait sans aucun doute que lorsque quelque chose appartient à quelqu’un, elle a le droit de décider comment elle sera utilisée.
  1. À la fin, ils disent au Prophète qu’il est indulgent et sensé. Ils impliquent que malgré ces qualités, pourquoi était-il en train de les empêcher d’adorer ce qu’ils désiraient et d’utiliser leur richesse à leur guise.

S’ils y réfléchissaient vraiment, la salāt amène une personne à être plus consciente de Dieu et plus juste. Cela l’aide à reconnaître la vérité et crée une lumière intérieure en elle. Cela l’éloigne du mensonge et la rend plus conscient des conséquences des bonnes et des mauvaises actions. Celui qui prie régulièrement voit les choses plus clairement et peut ainsi mieux guider les autres. 

Le Prophète Shu‘ayb était pleinement conscient de la vérité de l’adoration d’un seul Dieu, et il voulait guider son peuple vers cette vérité. Il était également conscient que posséder quelque chose ne signifie pas qu’on est totalement libre de l’utiliser comme on le souhaite. Tout ce que nous possédons vient en fait d’Allah, et nous ne sommes que ses dépositaires. Nous devons l’utiliser comme Il s’y attend. La liberté sans aucune loi ni restriction n’est pas la vraie liberté, car les gens deviennent alors esclaves de leurs propres désirs et passions. L’obéissance à Allah subhānahu wata‘ālā nous libère de la sujétion à n’importe qui d’autre, et ainsi qu’à son soi intérieur le plus bas. C’était la réalité derrière le message du Prophète Shu‘ayb (a).

La réponse du peuple du Prophète Shu‘ayb est une leçon sur laquelle nous devrions méditer. Elle révèle une mauvaise manière de penser, renforcée par de l’arrogance et de l’entêtement. C’est ainsi que des cœurs endurcis par des années d’insouciance et de péché résistent à la vérité.

Source : Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān.