Réflexion coranique No. 322 Āyat 40 :29 – La vérité face à l’oppression 

 

يَا قَوْمِ لَكُمُ الْمُلْكُ الْيَوْمَ ظَاهِرِينَ فِي الْأَرْضِ فَمَن يَنصُرُنَا مِن بَأْسِ اللَّهِ إِن جَاءَنَا

Ô mon peuple, triomphant sur la terre, vous avez la royauté aujourd’hui. Mais qui nous secourra de la rigueur d’Allah si elle nous vient ? (Sūrat Ghāfir, No 40, Āyat 29)

 Lorsque les gens sont au pouvoir et ont la main mise sur tout, ils deviennent inconscients de leur propre faiblesse. Une certaine illusion s’installe et leur donne l’impression que tout est sous leur contrôle, et personne ne peut les empêcher de nuire aux autres. Ce faux sentiment d’invincibilité vient souvent avant une fin déplorable. On l’observe dans de nombreux récits du passé, ainsi que dans les fins de dictatures de notre époque. 

Le verset ci-dessus fait référence aux paroles de Hizqīl, également connu sous le nom de Mu’min de Āli Fir’awn. Selon les hadiths, les Siddiqūn (ceux qui ont été les premiers à accepter la vérité apportée par le Prophète de leur temps) dans l’histoire sont au nombre de trois : Habīb al-Najjār (également connu sous le nom de Mu’min d’Āli Yāsin), Mu’min d’Āli Fir ‘awn, et Ali bin Abī Tālib ‘alayhimus-salām.

Hizqīl était de la famille de Fir’awn. Certains savants disent qu’il était le chef de la police de l’époque. Lorsqu’il avait entendu le prophète Mūsā appelait les gens à adorer un Dieu unique, il accepta de croire en Dieu. Il n’avait révélé sa foi à personne. Hizqīl ne s’est manifesté que lorsqu’il réalisa que Fir’awn et son peuple voulaient tuer le Prophète Mussa (a). Il ne pouvait plus rester silencieux. 

Dans ce verset, Hizqīl rappelle aux gens toutes les bénédictions dont ils sont comblés et le pouvoir dont ils jouissent. Il les avertit que l’oppression et la tyrannie pourraient attirer la punition d’Allah sur eux. Ils n’étaient pas à l’abri de ce contre quoi le Prophète Musa les avait mis en garde. Quand les gens vivent dans le confort et la richesse, ils pensent qu’ils n’ont plus besoin de rien. C’est une conclusion hâtive car tout cela peut changer et disparaître très rapidement. 

Dire la vérité face aux oppresseurs demande du courage. En leur rappelant en particulier qu’ils ne contrôlent pas tout et qu’Allah ‘azza wajall pourrait les punir dès qu’Il le souhaite. Le temps qui leur est imparti pour gouverner et opprimer les autres ne leur est pas favorable. Allah dit : Que ceux qui n’ont pas cru ne comptent pas que ce délai que Nous leur accordons soit à leur avantage. Si Nous leur accordons un délai, c’est seulement pour qu’ils augmentent leurs péchés. Et pour eux un châtiment avilissant. (Q 3:178). La courageuse fille d’Amīrul Mu’minīn, Zaynab bint Ali (a) avait récité ce verset dans la cour de Yazīd, pour rappeler au tyran qu’il était voué à la destruction.

L’Imam Ali (a) rappelle à Malik al-‘Ashtar les dangers de l’oppression dans sa lettre : Lorsqu’une personne opprime les créatures d’Allah, alors, au lieu de Ses créatures, c’est Allah qui devient son adversaire. Et quand Allah est l’adversaire d’une personne, Il écrase son excuse. Et elle restera dans sa position de guerre avec Allah jusqu’à ce qu’elle abandonne et se repente. Rien n’entraîne davantage un changement dans les bienfaits d’Allah ou n’accélère Ses foudres que de poursuivre dans l’oppression, car Allah entend la prière des opprimés et Il s’occupe des oppresseurs (Lettre 53, Nahjul Balāgha).

Les croyants doivent dire la vérité face à l’oppression. Ils doivent également se rappeler le fait qu’Allah subhānahu wata‘ālā détient le plein contrôle et que Sa punition rattrapera toujours les oppresseurs. Le présent ne doit pas tromper les gens en leur faisant croire que le contrôle perdurera pour toujours.

 Sources : Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh https://www.al-islam.org/nahjul-balagha-part-2-letters-and-sayings