Réflexion Coranique n°396. Āyāt 15 :39 – Se libérer des emprises sataniques

قَالَ رَبِّ بِمَا أَغْوَيْتَنِي لَأُزَيِّنَنَّ لَهُمْ فِي الْأَرْضِ وَلَأُغْوِيَنَّهُمْ أَجْمَعِينَ

Qāla rabbi bimā agwaytanī la-uzayyinanna lahum filardi walaugwiyannahum ajma‘īn.
Il dit : « Ô mon Seigneur, parce que Tu m’as induit en erreur, eh bien je leur enjoliverai la vie sur terre et les égarerai tous. »
(Sūrat al-Hijr, No. 15, Āyat39)

Le sens lexical du mot arabe ‘Shaytān’ (Satan) est une entité maléfique et mauvaise. Ce mot est spécifiquement utilisé pour Iblīs, un des djinns qui a été chassé de la proximité Divine après qu’il ait refusé de se prosterner devant le Prophète Adam (a). Dans le verset ci-dessus, Allah l’Exalté cite Iblīs au moment où il a été privé de la présence Divine. Son cœur était rempli d’animosité à l’égard d’Adam et de ses enfants et c’est avec beaucoup d’insistance qu’il promet de tous les égarer. Plusieurs éléments d’accentuation arabe peuvent être perçus dans ses paroles, par exemple, le double usage de la lettre nūn avec un shadda est utilisé pour l’emphase, et le mot ‘ajma‘īn’ est également une forme d’accentuation. Deux questions qui méritent d’être clarifiées à ce sujet sont :

  • Comment Shaytān peut-il égarer l’homme ?
  • Que peut faire l’homme pour se protéger ?

Si Allah ‘azza wajall le veut, la première question sera traitée plus en détails dans une future réflexion Coranique. Il suffit ici de préciser que les pouvoirs de Shaytān se limitent à influencer la faculté de perception de l’être humain et ses pensées : en insufflant des pensées négatives dans son esprit, en l’encourageant à commettre des péchés, en embellissant et en sublimant les actes de désobéissance, etc. Pour cette raison, au Jour du Jugement, Shaytān annoncera à ceux qu’il aura trompé :

وَمَا كَانَ لِيَ عَلَيْكُم مِّن سُلْطَانٍ إِلَّا أَن دَعَوْتُكُمْ فَاسْتَجَبْتُمْ لِي ۖ فَلَا تَلُومُونِي وَلُومُوا أَنفُسَكُم

Je n’avais aucune autorité sur vous si ce n’est que je vous ai appelés, et que vous m’avez répondu. Ne me faites donc pas de reproches ; mais faites-en à vous-même. (Q 14 :22)

Pour ce qui est de la deuxième question : comment l’homme peut-il se protéger de la tromperie de Shaytān ? Supposons qu’un croyant ait assidûment étudié et appris les véritables croyances et les lois Islamiques. Il s’est repenti pour ses péchés passés et s’efforce désormais de mener une vie de servitude et d’obéissance à Allah (swt). Dans une telle situation, il peut avoir recours à deux méthodes importantes pour se libérer de Shaytān et elles sont les suivantes :

  1. Le Rappel (dhikr) d’Allah. Cela fait référence au rappel au niveau de l’action, du discours et même dans le cœur. Par exemple, placer sa confiance en Allah (tawakkul), se réfugier auprès d’Allah – istiʿādhah (Voir Q 7:200-201), implorer Allah dans les supplications pour Sa protection (Se référer à la supplication n°25 du Sahīfah Sajjādiyyah pour un magnifique exemple de notre quatrième Imam (que la paix soit sur lui) demandant protection à Allah contre Shaytān. A partir de la ligne où il dit : protège-moi ainsi que ma descendance du démon maudit, et de la même manière avoir recours au tawassoul des Ahl al-Bayt (que la paix soit sur eux). Tout ceci est absolument nécessaire pour protéger l’être humain et est véritablement efficace. Comme Allah dit :

وَلَوْلَا فَضْلُ اللَّهِ عَلَيْكُمْ وَرَحْمَتُهُ لَاتَّبَعْتُمُ الشَّيْطَانَ إِلَّا قَلِيلًا

Et n’eussent été la grâce d’Allah sur vous et Sa miséricorde, vous auriez suivi le Diable, à part quelques-uns. (Q 4 :83)

  1. Le Rappel de l’Au-delà. Un puissant moyen de contrecarrer les insinuations de Shaytān et de limiter son influence, est de se rappeler l’Au-delà. Shaytān cherche à distraire l’homme avec ce monde et le rend donc insouciant d’Allah et de l’Au-delà. Ainsi, dans un verset il est dit que le seul groupe parmi les croyants qui n’est pas soumis aux insinuations de Shaytān est celui de ceux qui ont la conviction de l’Au-delà et qui s’en rappellent. 

وَلَقَدْ صَدَّقَ عَلَيْهِمْ إِبْلِيسُ ظَنَّهُ فَاتَّبَعُوهُ إِلَّا فَرِيقًا مِّنَ الْمُؤْمِنِينَ ‎* وَمَا كَانَ لَهُ عَلَيْهِم مِّن سُلْطَانٍ إِلَّا لِنَعْلَمَ مَن يُؤْمِنُ بِالْآخِرَةِ مِمَّنْ هُوَ مِنْهَا فِي شَكٍّ ۗ وَرَبُّكَ عَلَىٰ كُلِّ شَيْءٍ حَفِيظٌ

Et Iblīs a très certainement rendu véridique sa conjecture à leur égard. Ils l’ont suivi donc, sauf un groupe parmi les croyants. Et pourtant il n’avait sur eux aucun pouvoir si ce n’est que Nous voulions distinguer celui qui croyait en l’au-delà et celui qui doutait. Ton Seigneur, cependant, assure la sauvegarde de toute chose. (Q 34 :20-21)

Ou comme Amīrul Mu’minīn (que la paix soit sur lui) a dit : Le souvenir de ce monde est la pire des maladies…. Et le rappel de l’Au-delà est un remède et une cure. (Traduit de l’anglais)

En conclusion, dans une belle parabole, certains serviteurs proches d’Allah ont décrit Shaytān comme étant le chien de garde de la cour de son maître. Il attaque les étrangers et les intrus qui s’approchent de cette enceinte sacrée, de telle sorte que peu nombreux sont ceux qui sont autorisés à y accéder. Ainsi, il est du devoir de ceux qui recherchent la proximité d’Allah d’élaborer un plan afin de se délivrer du mal de Shaytān.

Nous prions Allah l’Invincible et le Majestueux, par l’intermédiaire du Noble Messager et sa sainte famille (que la paix soit sur eux tous), de nous permettre de nous libérer de l’emprise de notre ennemi Shaytān.

Sources : Āyatullāh Muhammad Bāqir Tahrīrī, True Servitude & the Reality of Knowledge (A Commentary on the Narration of ʿUnwān al-Baṣrī)