Réflexion coranique 147 No. 8:02 Āyat 20:132 – Enjoindre la salāt à sa famille

وَأْمُرْ أَهْلَكَ بِالصَّلَاةِ وَاصْطَبِرْ عَلَيْهَا
wa’mur ahlaka bis-salāti was-tabir ‘alayhā
Et commande à ta famille la Ṣalāt, et fais-la avec persévérance.
(Sūrat Taha, No. 20, Āyat 132)
Dans ce verset, Allah demande au Saint Prophète d’enjoindre la salāt à sa famille ou selon certains savants, à son peuple. Le verset fût révélé à Makkah et les interprètes pensent que le mot  ‘ahl’ fait référence ici à Bibi Khadija (a) et Imam Ali (a), qui étaient avec lui à cette période. Certains savants pensent que ce mot fait également référence à ceux qui étaient proches de lui – ses partisans. Le commandement de la salāt a été établi dès les premiers temps de l’Islam. Imam al-Bāqir (a) dit: Allah ordonna au Prophète de prêcher à sa famille et de montrer ainsi leur position afin que les gens puissent se rendre compte de leur statut élevé auprès d’Allah. En premier lieu, il leur prêcha avec tous les autres et ensuite, à eux uniquement, tel un groupe spécial (‘Abdul Ali Arūssī, Tafsīr Nūruth Thaqalayn, v. 3, p. 308).

Faire rappeler à sa famille l’importance de la salāt est l’une des façons de suivre le commandement coranique de aqimis-salāt, c’est à dire accomplis les prières canoniques quotidiennes (Q 11:114, 17:78, & 20:132), qui devrait être accomplies à la fois individuellement et en assemblée. Quand la salāt est prescrite, pratiquée et accomplie dans un foyer, cela établit une fondation pour de nombreux bienfaits. Beaucoup de vertus peuvent alors fleurir dans cette maison. Cela fait partie de la protection de la famille que nous avions abordée dans la réflexion de la semaine précédente (Se référer à la réflexion coranique 146 sur les responsabilités de la famille).

L’ordre “istabir” signifie ici faire preuve de patience avec toute la faculté et la capacité que l’on possède. Cela véhicule une forme de patience déterminée et conséquente. Dans ce verset, une telle patience est recommandée à la fois pour la prière en elle-même et pour l’acte d’enjoindre à la prière. Les deux actes nécessitent de la constance et de la force. Les enfants et les jeunes en particulier, peuvent faire preuve d’insouciance face au caractère sacré de la salāt. A défaut d’une motivation appropriée mise en place pour les inciter à prier, ils seront susceptibles de délaisser la pratique. C’est le devoir de la famille d’empêcher que cela se produise.

Ordonner la salāt aux autres implique certains principes fondamentaux :

” Etre soi-même un bon exemple. Si nous ordonnons aux autres la salāt, cela ne sera efficace que si nous l’accomplissons régulièrement à l’heure. Amīrul Mu’minīn Imam Ali (a) dit: L’Envoyé de Dieu, bien qu’ayant reçu de Dieu la promesse de résider au paradis, était toujours assidu à la prière pour se conformer à l’ordre d’Allah – le Glorifié. Il récita alors le verset 20:132 (Nahjul Balāgha, Sermon 199).
” Les rappels doivent être affectueux et respectueux de manière à les attirer vers la salāt. Cela pourrait se faire en priant ensemble, en les encourageant à donner l’adhān et à réciter les Ta’qibāt, en leur racontant des histoires inspirantes sur la salāt, etc.
” Les enfants n’écoutent pas toujours les leçons de morale sur l’importance de la salāt. Les stratégies qui font appel à leurs sentiments et à leurs émotions sont plus efficaces.
” Aborder la prière avec une perspective correcte. Cela implique de leur faire percevoir la salāt telle:
a) une conversation avec Allah. Un face à face avec le Créateur. Imam Ali (a) dit: La prière est le moyen pour une personne pieuse de se rapprocher [de son Seigneur] (Traduit de l’anglais) (The Scale of Wisdom, H. 3590);
b) un présent pour Allah. Embellissons et ornons le cadeau que nous envoyons;
c) un compagnon dans la tombe et au Jour du Jugement;
d) une ligne de démarcation entre la foi (īmān) et la mécréance (koufr). Le Saint Prophète (s) dit : Il suffit qu’un musulman abandonne délibérément l’accomplissement de la prière quotidienne ou ne l’exécute pas par négligence, pour qu’il devienne un kâfir, c’est-à-dire infidèle (Ibid., H. 3642); et
e) une activité qui enlève le stress, apporte la sérénité, l’apaisement ainsi que la tranquillité du cœur.

Une famille qui prie jouit de nombreux bienfaits. Ce foyer est un foyer béni. Les membres de cette famille bénéficient de la paix et de la confiance que la salāt procure. Elle éloigne le stress et la négativité et garde la famille unie. La patience et les efforts fournis apportent de nombreuses récompenses. Récitons ce verset afin de nous rappeler de continuer à enjoindre la salāt à notre famille.

Sources: ‘Allāmah Muhammad Husayn Tabātabā’ī, Tafsīr al-Mīzān; Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh; ‘Abdul Ali ‘Arūsī, Tafsīr Nūruth Thaqalayn; M. Rayshahrī, The Scale of Wisdom; http://www.alketab.org/